L'Or Noir, L'Album lu d'Arthur H

Il était une fois un homme à la voix grave. De celle qui ne laisse pas indifférent, de celle qui attrape et emprisonne négligemment l'intérêt, l'attention des gens.
On connait déjà cette voix, parce qu'elle chantait et susurrait doucement des chants envoûtants (Ma sorcière bleue), parfois nostalgiques (Adieu Tristesse), parfois cinématographiques aux allures de Western Spaghetti (Est ce que tu aimes).

Cet homme, c'est Arthur H (Monsieur H). Amoureux des mots, fasciné par le mystérieux, transcendé par un artistique en profondeur. Un art qui en dit long dans les mouvements, les sons, les mesures, la plume, l'étendue charismatique de l'obscur, un certain phrasé.

De ce que je me souviens, je n'entendais et appréciais des lectures de poésie que lorsque j'étais au jardin d'enfants. Il y a en ça une certaine innocence, mais pas seulement..


L'Or Noir, matière précieuse obscure, presque impalpable, inaccessible. Un album musical lu, dernier projet d'un monsieur qui aime les belles choses.

Une scène épurée. A gauche, le conteur. A droite, l'homme aux mille sonorités, Nicolas Repac, magicien manitou des ambiances, entouré d'instruments étranges, propices au voyage.

Puis, la lecture commence soutenue par des valses lumineuses. De sa voix rauque qui fait mouche, Monsieur H dévoile peu à peu avec une précision rare de grands textes poétiques, les uns après les autres. A chaque texte son auteur, à chaque poème, son histoire.

Les ambiances s'entremêlent pour laisser place à une variante d'émotions. Ne parle-t-on pas de spectacle mâture lorsque notre plus entière attention est sollicitée? L'imagination est de rigueur, ingrédient prépondérant menant vers cette épopée afro-carribéenne. Tantôt macabre, tantôt humoristique, tantôt fantastique, la rythmique musicale et parlée est maîtrisée, jouée. Chaque chose est à sa place et rien n'est dit par hasard.

Conteur blanc d'un Or Noir, Arthur H se fait l'interprète des textes d'Aimé Césaire, Denis Lafferière et autres poètes du Tout-monde.
On notera sans l'ombre d'un plaisir, la narration habile d'un "Gentleman Complet" qui de par un charisme éhonté, aimante une jeune femme qui le suit jusqu'au fond d'une forêt.
Elle assiste alors à la remise de chacun des membres humains qu'il avait loué pour se rendre au marché, et redevenir crâne. 

Mention spéciale également pour Marie-Galante, poème accompagné d'une ballade chaloupée à la guitare aérienne et indicible.

Deux hommes, deux amis, pour un parcours musical faisant place à l'art créole, retrouvé...

"L'Or Noir" - Théâtre du Rond-Point, 18H30.